Publication des “Laudes creaturarum”

« Frate vento, sor aqua »

extrait des Laudes creaturarum

Arthur Oldham (1926-2003)

préface de
Lionel Sow

réduction piano de
Valérie Mercier

(couverture de « Frate vento, sor aqua »)

Arthur Oldham compose les Laudes creaturarum en 1961 à la suite d’une commande de la Spode Music Week (un stage-festival de musique fondé en 1954 et qui existe toujours). Durant ces semaines musicales, musiciens amateurs et professionnels se côtoient autour de conférences et de concerts, mais aussi lors de la liturgie quotidienne qui est l’occasion d’entendre des chefs-d’œuvre de la musique chorale.
Le texte retenu pour cette œuvre n’est sans doute pas anodin pour le compositeur. En effet, après une enfance compliquée, une jeunesse plutôt aventureuse et un passage à vide de quelques années, sa conversion au catholicisme vers le milieu des années cinquante marque le début d’une période importante de sa vie, consacrée principalement à la musique chorale (notamment comme chef de chœur, mais aussi comme compositeur). En 1956, il prend la direction du chœur de la cathédrale St Mary d’Édimbourg avec lequel il explorera les trésors de la musique sacrée.
Le poème écrit par saint François (vers 1225) est une hymne d’action de grâce qui fait écho au Psaume 148 et aux Béatitudes dans l’Évangile de Matthieu. Les astres (le soleil, la lune, les étoiles), les éléments (l’air, l’eau, le feu, la terre), les hommes de « bonne volonté » (miséricordieux, charitables, pacifiques) et enfin la mort sont successivement l’objet de la louange qui monte vers le « Très-Haut, Tout-Puissant et Bon Seigneur ».
La langue originale (l’ombrien) est conservée par Arthur Oldham qui reprend scrupuleusement la forme de ce texte, structurant son œuvre en dix courtes parties bien contrastées. L’écriture modale nous plonge dans un Moyen Âge mystérieux. La maîtrise de l’écriture chorale, la référence sans servilité à des formes anciennes, l’emprunt de tournures mélodiques populaires sont sans doute le fruit de la longue collaboration entre le compositeur et Benjamin Britten. L’effectif requis ainsi que certaines textures orchestrales et chorales nous font irrésistiblement penser à la Cantate Saint-Nicolas de l’illustre maître.
Arthur Oldham, en digne héritier de la tradition chorale anglaise, est un compositeur pragmatique. Sa formation comme ses expériences (percussionniste, compositeur de ballets, chef d’orchestre…) en font un artisan complet. Son langage, quoique tonal, est ouvert sur les explorations des compositeurs de son temps. Interprète lui-même, il sait maîtriser la difficulté d’exécution de son œuvre sans pour autant rabaisser ses prétentions artistiques. Si ses études auprès de Herbert Howells lui ont permis d’acquérir une bonne maîtrise de l’écriture (notamment chorale), c’est sans doute à sa rencontre avec Benjamin Britten qu’il doit sa conscience de la place ultime de l’inspiration personnelle ; bien qu’assez classique, son langage ne se laisse jamais enfermer dans des formes prédéfinies et c’est la poésie du discours musical qui prédomine.
Derrière la figure bien connue du chef de chœur, nous avons encore à découvrir un compositeur de talent. Puisse cette édition des Laudes creaturarum nous y aider.

Lionel Sow

soprano solo, chœur de filles et clavier

(couverture de « Frate vento, sor aqua »)

« Frate vento, sor aqua »

extrait des Laudes creaturarum
Arthur Oldham (1926-2003)
(couverture de Laudes creaturarum)

Présentation de Daniel Blackstone sur le site Leducation-musicale.com :

Cette œuvre, qui ne dure pas moins de 25 minutes, constitue une pièce maîtresse des compositions d’Arthur Oldham, dont on n’aura pas oublié le passage à la direction des chœurs de l’Orchestre de Paris. Composée en 1961, elle exprime l’intense conviction de l’auteur à travers la mise en musique d’un poème majeur de la spiritualité catholique, le célèbre « Cantique des créatures » de Saint François d’Assise. Il en garde d’ailleurs le texte original en ombrien, structurant l’ensemble en dix courtes parties suivant les strophes du texte. Tout en étant tonal, le langage de l’auteur fait appel à des harmonies subtiles qui demandent un chœur bien exercé. La musique est au service du texte dont elle rend toutes les nuances de louange et d’émerveillement, y compris dans la strophe IX (Béni sois-tu, mon Seigneur, pour notre sœur la Mort corporelle). L’auteur y trouve les accents à la fois simples et profondément émouvants induits pas ce texte. C’est une grande et belle œuvre. Les éditions Symétrie nous en proposent également une réduction pour voix et piano, réalisée par Valérie Mercier (ISMN 979-0-2318-0826-1) ainsi qu’un extrait « Frate vento, sor aqua » pour soprano solo, chœur féminin et clavier (ISMN 979-0-2318-0831-5).

Daniel Blackstone