Edition 2015

Salomon : l’invité surprise du Florilège.

Il y a sept ans, nous remettions notre premier prix de direction de chœur au Florilège vocal de Tours. Pour fêter notre entrée dans cette prestigieuse organisation, nous avions eu des jumeaux… Notre prix avait eu deux lauréats, le Français Alexis Duffaure et l’Espagnol Basilio Astulez. Cette fois encore, notre dotation aura été partagée par deux chefs, le Suédois Alexander Einarsson et le Hongrois Valèr Jobbàgi. Il n’y avait pourtant que cinq postulants… j’y reviendrai, mais le niveau était tellement homogène que le jury a eu les plus grandes peine du monde à se décider à l’unanimité sur un seul nom. Donc… Honnêtement, les chefs Macédonien et Américain nous plaisaient tout autant. Mais comme on peut discuter les choix d’un jury jusqu’à plus soif, je m’abstiendrai de cet exercice aussi vain que contreproductif.


Ce qui est plaisant cette année, c’est que d’abord, ce sont deux chefs de qualités, mais en plus il représentent deux générations bien distinctes ; grand blond de 37 ans pour l’homme de Malmö et tête chenue et barbe grise pour notre Hongrois de Pecs. Leurs formations sont de qualités avec un beau répertoire très éclectique allant de la Renaissance à la musique très contemporaine. La preuve, Valèr Jobbàgi a remporté le Prix Renaissance et Alexander Einarsson le Prix de la meilleure création. Lors de notre entretien avec eux après la proclamation du palmarès, ils ont été très intéressés par la partition signée par Arthur que nous leur avons remise… Espérons qu’il la mettront très rapidement à leur répertoire.
D’ailleurs, l’ensemble du palmarès reflète parfaitement cette homogénéité. Les nombreux prix ont été très harmonieusement répartis entre les différents chœurs, à l’exception d’un ensemble finlandais reparti, et à juste titre, bredouille. Bien sûr, le Concours International a été largement éclipsé par le G.P.E., le Grand Prix Européen réunissant les cinq formations ayant triomphé dans les cinq autres épreuves identiques qui se sont déroulées en Europe, (Debrecen en Hongrie, Arezzo en Italie, Tolosa en Espagne, Varna en Bulgarie et bien sûr Tours). Près de trois heures de musique de très haut niveau, samedi soir. Un régal. Voix magnifiques, programmes variés et ambitieux, souvent proches de la perfection. Pour la petite histoire, c’est le chœur universitaire américain de Salt Lake City, vainqueur à Tours en 2014 qui l’a emporté. Décidément ces formations universitaires venues des Etats-Unis savent faire, car celle venue cette année de Syracuse dans l’Etat de New-York était également très brillante.
Bon alors ! Allez vous me dire, tout c’est bien passé. Tout va pour le mieux dans le microcosme musical tourangeau. Je crains fort que ma réponse ne soit négative. La grosse dizaine d’Amis d’Arthur encore présents cette année, ont tous cru percevoir de lourds nuages s’accumuler dans le ciel du vénérable Florilège. Outre l’incontournable Grand Prix Européen qui ne reviendra que dans 6 ans en Touraine, il n’y avait donc que 5 formations sélectionnées et invités cette année pour le concours international. Soit très sensiblement moins que lors de toutes les éditions précédentes que nous avons partagées avec tant de plaisir. Pas d’ensembles vocaux, pas de chœurs à voix égales, plus de chœurs d’enfants ??? Ça ne relève plus de la restriction budgétaire, c’est du sabotage. Et on est en droit de se poser des questions plus qu’angoissantes sur l’avenir du plus important concours international de chant choral amateur en France. Est-on en droit de pointer un doigt vindicatif vers la nouvelle municipalité élue il y a peu ? Est-on en droit de se demander si la culture (et en l’occurrence, même la culture portée à son zénith) se doit d’être obligatoirement une variable d’ajustement budgétaire ? Est-on en droit de penser que certains gestionnaires municipaux à courte vue, ne voient que ce que coûte un tel festival, mais jamais ce qu’il rapporte pour les finances locales, (commerces, théâtres etc…) d’une part, mais aussi en prestige planétaire pour une ville comme Tours, qui devient durant trois jours par an, la capitale mondiale du chant choral ? Quand on connaît, selon les chiffres très récents publiés par le Centre d’études techniques de l’Equipement, ce que coûte en moyenne un bête rond point, on est en droit, une dernière fois de se demander ce qui est le plus important pour la Ville de Tours ? Qu’est-ce qui fait le plus pour son prestige : un sens giratoire ou être connue et reconnue sur les cinq continents comme une ville de culture au rayonnement mondial ? Ah oui ! Pour le prix d’un rond-point moyen on pourrait organiser une dizaine de Florilèges !!! A bon entendeur… !

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