Lauréat du Prix Arthur Oldham : Philip Copeland
Tours au jour le jour
Comme si vous y étiez
Cette année, pour sa 43ème édition,, le Florilège Vocal de Tours débutait ses festivités dès le jeudi soir par un concert exceptionnel, « Le Retour à la Terre » de Meredith Monk interprété par l’Ensemble Mikrokosmos sous la direction de Loïc Pierre. Notre envoyée spéciale, Anne Andreev, était sur place.
Jeudi 29 Mai
Le ton du FVT à été donné avec la partition de Meredith Monk et le chœur Mikrokosmos ! Quand je parle de ton, celui-ci est hors diapason. Loïc Pierre nous a prévenu : « laissez votre bagage choralistique au vestiaire ». Ce soir, le chant a laissé place aux champs illimités des sonorités rythmées produites par le corps, en mouvement parfois. Avec ce plus d’harmoniques, ce supplément d’âme profane, Meredith Monk, avec le chœur Mikrokosmos, auraient-ils créé le chant « chorolistique » ? Ces expressions vocales aux multiples dimensions entrent en résonance avec nos mémoires archaïques de sons produits par l’être humain quelle que soit la civilisation et bien avant la hiérarchisation des genres, et cela, tout en préservant les qualités des chanteurs, l’enveloppe du son, les nuances et les chromatismes qui restent au rendez vous d’une très belle exécution.
Vendredi 30 mai
Début du concours à 18 heures. Une douzaine d’Amis d’Arthur sont sur le pied de guerre pour cette première session de près de 4 heures… il faut aimer le chant choral, moi je vous le dit. Au programme, les imposés pour 5 ensembles vocaux mixtes ou à voix égales, puis 6 chœurs mixtes. Nous sommes prêts programme et stylo en main, car déjà nous scrutons, projetons, supputons pour savoir qui pourra être notre lauréat. D’emblée, les 5 premiers ensembles nous déçoivent… attention, à l’aune du niveau souvent exceptionnel de ce florilège. Qu’ils viennent de Kiev (le plus original) de Belgique (3 formations plutôt ternes) ou d’Autriche (pas au niveau) un ennui poli s’installe dû à l’uniformité de programmes lents, souvent tristes et sans relief. On joue la sécurité. Mais ici, ce n’est pas suffisant.
Heureusement, le public en nombre va sortir de son assoupissement avec les chœurs mixtes parmi lesquels les Indonésiens venus de Djakarta, des Italiens plein de fougue… et de décibels, et deux formations universitaires américaines venues de Birmingham et de Salt Lake City (leurs deux chefs nous ont tout de suite séduits ! A suivre…) Un dernier mot pour être exhaustif, les Irlandais et les Lettons étaient en dessous du lot.
Samedi 31 mai
Rude journée avec quatre sessions… rien que ça. Dès 10h les stakhanovistes du chant choral sont au rendez-vous dans un petit temple protestant en plein centre de Tours pour le « Concours Renaissance » dont on attend toujours beaucoup. Et nous ne fûmes pas déçus. Seuls les Irlandais de Dublin (mention correcte), les Italiens (formation complète et tous décibels dehors) et les Indonésiens (parfaits, sensibles et parfaitement dans le style) sont au programme. Comme toujours un très joli moment de musique… je reviendrai sur ce Prix au moment du Palmarès.
Retour au Grand Théâtre à 14 heures pour le programme libre des ensembles vocaux… et pour un grand moment d’ennui. Peut-être que cette session postprandiale incite-t-elle à la sieste, mais, franchement, quelle programmation, alors que le programme est libre ! Ni originalité, ni prise de risque, ni joie de chanter. Seules les Ukrainiennes nous ont sortis de notre torpeur, mais sans pour autant être au niveau d’un Premier Prix.
Heureusement, et ce n’est pas la première fois que ça se produit dans ce magnifique Florilège, ce sont les chœurs d’enfants et de jeunes qui vont secouer le public. Avec surtout deux ensembles catalans dirigés par le même homme, le superbe Oscar Boada. Grande qualité vocale, une vraie joie de chanter, des costumes, de la mise en scène et une programmation de haute volée pour des ensembles de jeunes (de 6 à 12 ans pour les enfants et moins de 22 pour les jeunes… en l’occurrence, l’aînée avait 16 ans). Les formations biélorusse et slovaque n’ont pas été en reste mais tout de même un ton en dessous des espagnoles.
Samford University a Cappela Choir
A 20 heures, quatrième et ultime session du marathon du jour, avec le programme libre des chœurs mixtes. Et là de nouveau, on va tutoyer des sommets en particulier avec les deux formations universitaires américaine, les Indonésiens et les Italiens. Une belle soirée avec quelques bas mais surtout des hauts (citons pour mémoire l’interprétation parfaite des Djinns de Fauré par la formation venue de Djakarta.) Vivement demain pour les finales !
Dimanche 1er Juin
A 10 heures, on retrouvait les chœurs de jeunes avec plaisir et même gourmandise. Pas de déception. Toujours du très haut niveau, de l’originalité et puis une qualité vocale incroyable quand on songe que l’épreuve se déroule tôt le matin… pas idéal pour les voix, même jeunes.
A 14 heures, le sommet (le climax comme on dit outre Manche) des trois jours, le Grand Prix de la Ville de Tours. Le vainqueur de cette finale des finales aura la lourde charge de représenter le Florilège au Grand Prix Européen 2015… Plus que cinq formations en lice (les autres n’ont pas été retenues) Salt Lake City, Birmingham, Djakarta, San Vito et les inattendus Lettons de Riga dont je continue à penser qu’il n’avaient pas tout à fait le même niveau que les autres. Bref, un bel après-midi, avec cette fois, des programmes nettement plus variés, malgré quelques redites qui ont d’ailleurs été fatales pour les chorales qui se sont laissé aller à cette facilité.
A 17 heures le palmarès. Il fut un temps pas si lointain où ce moment solennel relevait plus du foutoir que de la remise de prix. Ce n’est plus le cas depuis plusieurs années et on s’en félicite. Tout est clair, le moins bavard possible, tout en restant chaleureux. Les récompenses ont innombrables et vous pourrez consulter l’ensemble du palmarès sur ce même site. Je me contenterai de parler des principales récompenses. Salt Lake City (un de nos chouchous, pour ma part mon chœur préféré) remporte le Grand Prix de la Ville et le Prix du Public (issu des votes des spectateurs avertis du Florilège). Le Premier Prix du Concours international revient aux Italiens. Où le bât a sérieusement blessé, c’est l’attribution à ces mêmes italiens du Prix Renaissance. Totalement incompréhensible, tant les Indonésiens ont dominé cette épreuve. Chanter Regnard ou Palestrina à 36 et surtout à pleins poumons de l’anacrouse au point d’orgue relève sinon du non-sens à tout le moins de la faute de goût. Décision incompréhensible des trois jurés, qui n’étaient d’ailleurs pas d’accord entre eux… et il y avait de quoi !
« Et le Prix de Direction remis par notre association ? » allez vous me demander. Et bien c’est l’impeccable Philip Copeland de Birmingham (Alabama). C’était un de nos deux préférés, il s’agit donc pour nous d’un bon choix. L’homme est très sympathique, affable, excellent musicien et surtout il aime ses jeunes choristes (entre 18 et 22 ans !!!) qui le lui rendent bien… ça me rappelle quelqu’un ! Pour mieux connaître notre lauréat 2014, (6ème du nom) nos adhérents peuvent déjà consulter sur You Tube, l’interview que nous avons réalisée avec lui à l’issue du palmarès dans les coulisses du théâtre, en attendant la transcription que nous en ferons très prochainement. Au bout du compte, une très belle édition du Florilège (merci à la Présidente, Isabelle Renault, et à toute son équipe pour l’accueil qu’ils nous réservent chaque année) et rendez-vous du 29 au 31 mai 2015… Nous y serons !
Les amis d’Arthur au Florilège vocal 2014
Merci a Anne Andreev