Edition 2012

Lauréat du Prix Arthur Oldham : Vladislav Soucek

On commençait à désespérer. Mais il fallait se rendre à la réalité, le 41 ème Florilège vocal de Tours, auquel nous prenons une part active depuis 4 ans, peinait à s’élever au niveau des précédents. Dès les éliminatoires de vendredi, c’était palpable, le plateau était moins relevé que les autres années. Aucune formation n’émergeait vraiment, rien ne nous attirait l’oreille plus particulièrement. Et rappelons nous d’Antoine Houdart de La Motte quand il disait : «Et l’ennui naquit un jour de l’uniformité». Et c’était bien l’ennui qui nous gagnait.

Le lendemain, l’espoir pointa son nez avec le Concours Renaissance, une nouvelle fois organisé dans le merveilleux cadre du Prieuré Saint-Côme. Les formations en présence (à l’exception de la chinoise évoquée plus bas) nous ont offert une belle matinée de musique, très en progrès par rapport à ce que nous avions entendu la veille. Hélas, l’après-midi nous replongeait dans le marasme… et pourtant nous n’avions plus à faire qu’aux meilleures formations. Si les interprétations étaient en général acceptables, l’ensemble s’avérait d’une sagesse, d’une frilosité et d’une tristesse infinies, d’un académisme confondant même dans le choix des pièces de création. Honnêtement, je crois que la faute en incombait essentiellement aux programmes choisis. Et croyez-moi, trois heures presque entièrement consacrées à la musique religieuse cela peux vite devenir indigeste.

Enfin, la soirée de samedi allait nous réconcilier avec notre amour du chant choral. Et ce grâce à l’excellente initiative des organisateurs de programmer les chœurs de jeunes au Grand-Théâtre. Une fois de plus, les absents ont eu tort. Quatre formations venues de l’est de l’Europe (Lettonie, Moldavie et Tchéquie) et un chœur cubain, allaient nous régaler avec d’abord de belles voix, des programmes variés souvent mis en espace et surtout une joie de chanter parfaitement contagieuse. Le public ne s’y est pas trompé, le jury non plus. Ce qui fait que le dimanche matin, la salle de l’Espace Malraux à Joué-les-Tours était bien remplie. Nouveau triomphe pour ces cinq formations de jeunes qui nous encore ravis par la perfection de leurs prestations et la variété des programmes présentés.

L’après-midi de ce dimanche, pour le Grand Prix, les adultes ont relevé le défi, hausser leurs prétentions et ce fut une belle après-midi de musique sans pour autant atteindre les sommets. Le palmarès en témoigne, car nombre de premiers prix n’ont pas été attribués. Avant de parler de notre lauréat 2012, je voudrais rapidement revenir sur le chœur de femmes venues de Guangzou en Chine. Du jamais vu à Tours. Cette vingtaine de jeunes femmes dirigées par une ukrainienne (?) nous a offert la pire prestation que le Florilège tourangeau ait sans doute connu dans son histoire. Rarement j’ai entendu chanter aussi faux et aussi mal. Au point que nous n’avons pas reconnu l’incontournable « Mignonne, allons voir si la rose ». Et je n’exagère même pas. On dit que Costeley se retournait dans sa tombe à chaque fausse note… depuis la prestation de nos chinoises, au paradis des musiciens, on le surnomme la toupie. La chef, incompétente ne donnait pas les bonnes notes et, de toute façon, ses choristes en prenaient d’autres. Elles nous ont réinventé la musique aléatoire ! Comment pareille situation est-elle possible dans un concours aussi prestigieux et sérieux que celui de Tours ? Sachez que la sélection se fait par l’audition d’un enregistrement envoyé par les postulants. De l’avis général des membres du comité, cet enregistrement était un faux. On peut penser que le CV flatteur l’était aussi tout comme la création contemporaine (???) composée par la chef de chœur qui, non seulement ne présentait aucun intérêt, mais de plus relevait à peu près du niveau d’une chorale d’école élémentaire.

Mais oublions l’incident pour dire quelques mots d’un homme qui, lui, mérite tous nos éloges, notre lauréat, Vladislav Soucek, venu de Prague avec son chœur de filles de 14 ans de moyenne d’âge, Radost Praha. Il nous a enchantés par une direction simple, parfois minimaliste, mais d’une efficacité redoutable et surtout parfaitement adapté à un chœur de jeunes. De Pergolèse aux compositeurs contemporains, en passant par Dvořák et Smetana, ils nous ont ravis par la justesse, la précision et la joie de chanter… pour cet homme de plus de 75 ans, qui dirige ce chœur depuis sa fondation, en 1961. Ces enfants ne quitte pas de leurs yeux emplis d’une tendresse infinie leur grand-père musical. Il adore ses choristes et ils le lui rendent bien. Outre notre Prix de direction, il a obtenu un 3ème Prix dans sa catégorie et surtout le Prix du public, qui comme le jury, ne s’est pas trompé sur les immenses qualités de ce petit homme simple qui a voué sa vie à la musique. Nous espérons maintenant trois choses pour notre lauréat, une retraite heureuse et méritée, qu’il trouve un successeur, ce qui visiblement chose aisée en Tchéquie et, qu’avant son départ, il nous fasse la joie de faire chanter à son chœur, « Le cantique de Frère Soleil » d’Arthur Oldham, que nous lui avons offert à l’issue du palmarès.

Donc une édition 2012 du Florilège très contrastée. Mais notre plaisir de participer à cet évènement incontournable et d’y faire vivre encore le souvenir d’Arthur, reste total et nous remercions une fois de plus les organisateurs pour leur accueil et leur disponibilité. Merci et à l’année prochaine du 24 au 26 mai 2013.
JPL

SbormistrVladislavSoucek