Pierre Boulez est mort

Pierre Boulez est mort en Allemagne, à Baden Baden où il vivait, ce mardi 5 janvier 2016. Il avait 90 ans et on le savait de plus en plus affaibli. Beaucoup de choses vont être dites et écrites à propos du Boulez musicien, chef hors pair et compositeur parfois décrié mais devenu presque classique en ce début de XXI° siècle. Tentons plutôt une synthèse, forcément réductrice, de ses  autres qualités : intelligence, ténacité, liberté de pensée, accessibilité, projection dans l’avenir, curiosité, grande culture…

En ce qui nous concerne, n’oublions pas sa fidélité absolue et durable au chœur de l’Orchestre de Paris qu’il a souvent dirigé bien sûr du temps de Daniel Barenboïm, le collègue chef comme Boulez bâtisseur et tant aimé, mais aussi après le départ de ce dernier. Plusieurs œuvres phares ont ainsi jalonné ses rencontres avec le chœur de l’Orchestre de Paris : la Symphonie des Psaumes du tant admiré Stravinski (on se souvient notamment de la version avec Bartabas et ses chevaux en 2000),  la Messe Glagolitique de Janacek, un compositeur qu’il n’abordera que tard dans sa vie de chef, donnée à Mogador en 2003, à la Basilique de Saint-Denis et à Ravenne en 2009  mais aussi les Nocturnes de Debussy (notamment à Bruxelles en 1993), le Chant du Rossignol de Stravinski donné à Pleyel à 2 reprises dans les années 80 (1980, 1986) et un “Das Klagende Lied” en 1979. Il y a aussi eu le Daphnis et Chloé de Ravel qu’il dirigeait comme personne, donné au Châtelet en 2006, et dont il laisse un magnifique enregistrement réalisé à la fin des années 90 à Berlin. On se souvient aussi des mots qu’il avait écrits pour les 10 ans de la disparition d’Arthur Oldham en 2013 que vous trouverez sur la page d’accueil de ce site. Et quel autre chef prenait, comme il le faisait régulièrement, le temps de saluer les chanteurs amateurs qu’il venait de diriger avec autant d’empathie et de patience ?

Espérons que l’Orchestre de Paris qui a toujours mieux joué sous sa direction saura, en présence de son choeur, lui rendre l’hommage qu’il mérite. Et  bien entendu à la Philharmonie de Paris, qui n’existerait pas sans sa ténacité, et dont la grande salle mériterait dès maintenant d’être baptisée «Salle Pierre Boulez».

Gilles Lesur, 8  janvier 2016