Si vous aimez le soleil – quand il manque partout ailleurs, la fête et la paella au poulet, vous le savez déjà, c’est à Valence en Espagne qu’il faut vous rendre. Mais savez-vous qu’à cela s’ajoute maintenant d’excellentes raisons musicales ? En effet, depuis 2005, la direction musicale de l’orchestre de la région a été confiée à rien moins que Lorin Maazel. Il faut dire que cette nomination a coïncidé avec l’inauguration du « Palau de Les Artes », ensemble architectural au souffle incroyable, réalisé par un enfant du pays, Santagio Calatrava, et doté d’une salle dédiée à la musique symphonique et d’une autre vouée à l’opéra. La montée en puissance artistique du lieu est incontestable comme l’atteste cette année la venue de Placido Domingo, Waltraud Meier, MattiSalminen, Riccardo Chailly ainsi qu’un Ring intégral mis en scène par la « FuradelBaus » et dirigé par Zubin Mehta.
Au programme de ce 7 mars dans la salle symphonique, de la musique tchèque, Dvorak et la messe Glagolitique de Janáček, dirigés par TomášNetopil, un chef né à Prague et récemment nommé directeur musical du théâtre national de cette ville. En première partie, le Carnaval de Dvořák, interprété avec une énergie et une lumière festives, en osmose avec les « Fallas », ces fêtes qui se déroulent en ce moment et qui mettent toute la ville dans la rue pendant 15 jours. « Le Rouet d’or », du même Dvořák, est une œuvre plus intime et élaborée donnant la part belle aux cordes, notamment graves, et aux bois. Dans cette pièce, le compositeur revisite le mythe de Cendrillon en y ajoutant une gravité très Mitteleuropa. Parmi les flûtes beaucoup sollicitées dans cette pièce, on reconnaît une certaine Virginie Reibel, transfuge de l’Orchestre de Paris, un moment passée par Berlin.
En seconde partie, la Messe de Janáček est donnée avec le Chœur de la Communauté de Valence, un ensemble de 80 chanteurs professionnels préparés par FrancescPerales. La disposition de la salle, en forme de coque de bateau renversé, favorise le chœur, situé très en hauteur comme à Pleyel. Dès l’entrée du chœur, présence et musicalité sont évidentes. Les voix sont chaudes et solides mais sans place pour un individualisme parfois gênant dans les ensembles professionnels. Lisibilité, équilibre des voix, puissance et nuances toujours en situation sont au rendez-vous. Les solistes femmes sont à la hauteur de l’enjeu et l’on regrette que l’intervention de la mezzo soit si brève. En revanche, le ténor, sans grâce ni projection, et la basse, instable et au timbre indéfinissable, sont décevants. Belle direction énergique, enthousiaste et précise de TomášNetopil, un nom à retenir. Seule déception entendre dans un tel endroit un orgue électrique au son si pauvre. En sortant, toute la ville est en fête, « Fallas » obligent. Mais au « Palau de Les Artes », comme toujours en Espagne, la musique est aussi fête !
Gilles Lesur
Palau de les Arts ReinaSofía (Valencia), 7 mars 2009, « Carnaval » op. 92 et « Le Rouet d’or » op. 109 de Dvořák, « Messe glagolitique » de Janáček, TomášNetopil (direction musicale), Elisabete Matos, soprano, María José Montiel, mezzo-soprano, Maxim Paster, ténor et DmitriAgeev, basse, Orquestra de la ComunitatValenciana, Lorin Maazel (directeur musical), Cor de la GeneralitatValenciana (FrancescPerales, chef de chœur).