Quelques jours avant Noël un petit miracle s’est produit à la Philharmonie de Paris. Au programme, le Messie de Haendel avec l’orchestre de chambre de Paris et son nouveau chef, l’écossais Douglas Boyd. On sait ce sympathique chef, ancien hautboïste de l’Orchestre de chambre d’Europe, très investi dans la mission de son orchestre qu’il imagine citoyenne et au service du public. Il a clairement fait de ce projet une de ses priorités et un magnifique exemple fut donné hier à la Philharmonie.
Après une belle interprétation du Messie, Douglas Boyd a ainsi fait chanter en bis près de 300 amateurs invités pour l’occasion. Ces chanteurs préparés en amont par Christophe Grapperon, chef de chœur adjoint d’Accentus, ont donné une preuve éclatante qu’encadrés, préparés et motivés des chanteurs amateurs étaient capables de donner une interprétation musicalement aboutie des trois extraits retenus, dont le célèbre Alléluia. Une importante logistique en amont (remise de partitions, enregistrements avec piano des tutti et des parties séparées, répétitions à la Philharmonie) rend aussi compte de cette qualité. Et le professionnalisme de Douglas Boyd, comme son visible enthousiasme, ont fait le reste. Pour ne rien vous cacher, je crois même que j’ai préféré l’Alléluia à 300 amateurs, d’une joie perceptible et rayonnante, à celui chanté auparavant par les 26 professionnels d’Accentus. Il est vrai que j’ai été élevé avec l’enregistrement du Messie dirigé par Sir Adrian Boult (je me souviens encore de la pochette jaune…). Une nouvelle preuve, s’il en était besoin, que les musiciens amateurs et professionnels auraient intérêt à se rencontrer plus et qu’ils ne sont pas en concurrence mais complémentaires.
De plus, ce moment de joie et de paix partagées offert aux parisiens était un magnifique cadeau de Noël dans un pays encore fracassé par les évènements récents. Il y aura certainement des suites à ce premier et magnifique essai, incontestablement transformé (on sait Douglas Boyd passionné de rugby). La prochaine étape pourrait bien être un immense concert participatif à la Philharmonie de Paris à l’image de ceux organisés par Simon Halsey à la Philharmonie de Berlin ou le Symphony Hall de Birmingham avec plus de 1000 chanteurs. A croire qu’il n’y a que des citoyens de Sa Majesté pour oser et réussir de tels projets. En tout cas, un grand bravo et un immense merci à Douglas Boyd. Vivement la suite de l’aventure. Merry Christmas and Happy New Year !
Gilles Lesur