Balthazar de Walton

Compositeur britannique né en 1902 à Oldham dans le Lancashire, William Walton est très mal connu en France. Fils de deux chanteurs professionnels, il intègre à 10 ans le chœur de la cathédrale d’Oxford, avant de se former à la musique, en grande partie en autodidacte mais aussi avec l’aide bienveillante de l’organiste de la cathédrale d’Oxford, Hugh Allen. Par la suite protégé par une famille influente de Londres, il devient, dans un premier, temps le véritable enfant terrible de la musique anglaise notamment après la création par Hindemith aux “Proms” en 1929 de son concerto pour alto puis, deux ans plus tard, au festival de Leeds de son oratorio biblique “Belshazzar’s feast”. Puis la reconnaissance fait rapidement de lui un musicien royal au service de Georges VI puis d’Elizabeth II qui lui commandera pour son sacre “Orb and Spectre”. En 1939, il composera à la demande de Jascha Heifetz un concerto pour violon. Après la guerre, il ne dédaigne pas la musique de film, composant notamment celles des magnifiques films de Laurence Olivier consacrés à Shakespeare (Richard III, Henry V, Hamlet). Il est anobli en 1951 avant de composer avec l’aide du célèbre Julian Bream les “Cinq bagatelles pour guitare” une œuvre reconnue comme majeure par beaucoup de guitaristes. Il termine sa vie sur l’île d’Ischia dans la baie de Naples où il meurt en 1983 auprès de sa femme Suzanna.

“Le festin de Balthazar” est un oratorio pour baryton, grand chœur et orchestre. Tiré d’un épisode biblique, cette histoire a notamment inspiré Rembrandt dans une toile désormais à la National Gallery de London. Balthazar, roi des Chaldéens, offrit à sa cour, à ses femmes et concubines, un festin magnifique où ils burent dans des vases d’or et d’argent volés au temple de Jérusalem. Le roi aperçut pendant ce festin une main qui traçait sur la muraille des mots mystérieux que seul Daniel, un des captifs hébreux, su interpréter comme un message prophétique annonçant la ruine imminente du royaume. Et c’est pendant cette même nuit que Balthazar fut tué et que Darios le Mède s’empara du royaume. Depuis l’expression “un festin de Balthazar” passé dans le langage courant évoque un repas somptueux et très abondant… mais non la fin du repas. En 1906, Jean Sibelius avait déjà composé une musique de scène op.51 à partir de ce même épisode biblique.

Dans cette œuvre, la musique de Walton, très opulente, variée, est spectaculaire en même temps qu’elle suit au plus près le texte, qui est en anglais. Il n’y a que très peu de baisses de tension dans cette musique qui ne vous lâche pas un instant. La percussion en nombre est largement et souvent sollicitée. L’enregistrement réalisé en 2004 au Royal Albert Hall  dans le cadre des “Proms” est d’un très haut niveau musical. La direction d’Andrew Davis est juste, précise et efficace. Bryn Terfel, qui parfois dialogue avec le chœur, est comme toujours impérial. Le chœur, un effectif à l’évidence important, est parfois divisé en deux parties et huit voix. Il possède un son magnifique, riche, puissant et l’intonation est constamment parfaite. L’engagement est audible, y compris dans les quelques imperfections mineures inévitables dans un enregistrement en direct. Du travail de professionnel, les BBC Singers, également fait par des… amateurs, le BBC Symphony Chorus ! Un mélange toujours problématique dans notre pays et ici guidé par un chef de chœur très réputé, Stephen Jackson, responsable du BBC Symphony Chorus depuis 1989.

Voilà une œuvre chorale rare et superbe qu’on aimerait enfin un jour entendre en France ! Patience…..

Gilles Lesur

 Le conseil discographique

“Le festin de Balthazar” de William Walton, Bryn Terfel, baryton-basse, BBC Orchestra and Chorus, BBC Singers, Sir Andrew Davis, direction (Apex, 2004). Sur le même disque, vous trouverez “Job”, une pièce pour orchestre de Ralph Vaughan Williams.

Simon Rattle a également enregistré cette œuvre disponible dans le coffret de 11 CD “British Music” chez EMI.