Alors, bien sûr, il y a le concert du «Nouvel An» à Vienne dirigé cette année par un enfant du pays, l’Autrichien Franz Welser-Möst*, celui de la «Saint Sylvestre» à Berlin qui consistait cette année en un magnifique programme franco-ibérique donné en présence de Madame la Chancelière (autre pays… autres mœurs) et dirigé par Gustavo Duhamel** et celui de la Fenice de Venise retransmis par Arte et confié cette fois au contesté et contestable Daniel Harding. En France, de plus en plus de concerts sont organisés en région au moment des fêtes, mais force est de contester que presque rien ne se passe à Paris à part les incunables «Quatre saisons» de la Sainte-Chapelle (en plein hiver !) ou autre Requiem de Mozart donnés à la Madeleine (à l’acoustique si flatteuse). On ne peut que s’étonner de cette exception culturelle dans une région abritant près de 10 millions d’habitants, qui accueille de plus à cette période de nombreux touristes et qui est riche de cinq orchestres symphoniques permanents. Et ce d’autant que le «Paris Symphonic Orchestra», l’orchestre dont il va être question ci-après, est constitué de musiciens issus des orchestres en question… Cherchez l’erreur !
Heureusement, Michel Leeb, imitateur de grand talent, proposait fin décembre au Théâtre Marigny un «Hilarmonic Show» dans la droite ligne des populaires et humoristiques concerts Hoffnung de nos amis Britanniques et qui ont fait certaines des grandes heures des Proms. Michel Leeb, en vrai passionné de musique, a monté avec l’aide du «Paris Symphonic Orchestra» et Cyril Diederich un spectacle très drôle ayant pour thème la musique symphonique. Tous les tubes y passent de «La Chauve souris», «Carmen», «Casse Noisette» à l’ouverture de «La Pie Voleuse» avec la complicité active et la bonne humeur des musiciens présents sur scène. Sans oublier une «symphonie catastrophique» écrite sur les murs d’une prison sibérienne par un compositeur russe prisonnier politique, ni un dérapage d’abord contrôlé puis rapidement incontrôlable d’un hautbois dans la cinquième de Beethoven. Et les interventions hilarantes d’un chef d’orchestre successivement saoul, timide puis sénile et l’intervention d’un Jean d’Ormesson qui évoque le mystère de Mozart avec toute la clarté nécessaire. Michel Leeb mène ce spectacle avec énergie et talent sans aucun temps mort. Il n’hésite pas à faire chanter trois spectateurs, volontaires désignés d’office, d’abord un par un puis ensemble en tentant un accord parfait. Résultat plutôt préoccupant au moins en ce 1er janvier au soir. L’alcool de la veille sans doute… Salle pleine, certes, acquise d’avance, mais, incontestablement conquise par l’incroyable talent et l’évidente générosité de l’artiste.
Ce spectacle sera repris à partir du 8 mars 2011 mars au Théâtre Comedia pour 20 représentations. Courez-y même si les fêtes sont passées. Rire est bon pour la santé. Et je m’y connais… Au fait un des premiers violons de l’Orchestre de Paris était dans la salle ce 1er janvier au soir. Si l’Orchestre de Paris cherche un jour à mieux remplir la salle Pleyel (?) ce Michel Leeb qui aime la musique symphonique et sait faire partager cette passion avec humour serait certainement l’homme de la situation. Bonne année à tous et à toutes.
Gilles Lesur
1er janvier 2011, «Hilarmonic Show», Théâtre Marigny, Michel Leeb, «Paris Symphonic Orchestra», Cyril Diederich, direction