Daniel Barenboïm : le retour !

La Salle Pleyel était comble, jeudi 31 janvier, pour écouter Daniel Barenboïm avec son ancien orchestre, l’Orchestre de Paris, dirigé par son lointain successeur Christoph Eschenbach. Bien entendu, beaucoup d’ami(e)s d’Arthur étaient dans la salle…

En première partie, la 8e symphonie de Dvorak, qui, après un beau début et malgré quelques belles nuances dans le second mouvement, tombe rapidement dans les travers habituels de la direction d’Eschenbach: du rubato en veux-tu en voilà, un son souvent épais, une sollicitation excessive des forte et des cuivres, une percussion pesante. Le résultat est un Dvorak ressemblant à du Wagner et perdant beaucoup de sa poésie. Dommage. La gestique d’Eschenbach est de plus en plus caricaturale, parfois même picaresque et quel contraste avec la direction d’Ozawa, toute d’énergie contenue et concentrée, vue il y a quelques jours. En deuxième partie, présence d’une star oblige, Daniel Barenboïm est au piano pour le premier concerto de Brahms. Quel plaisir de revoir cet homme, maintenant mûr… et un peu rond, sur la scène de cette salle où il s’est tant produit. Il n’a pas joué cette œuvre avec l’Orchestre de Paris depuis 1983 et Zubin Mehta, l’ami de toujours, était alors à la baguette. En revanche, il le donne régulièrement avec les Berliner et Simon Rattle. L’homme a le sourire, semble détendu et heureux d’être là. La longue introduction passionnée du premier mouvement lui permet de reprendre contact avec les musiciens. Dès l’entrée du piano, la musique est présente, inévitable, naturelle, lumineuse et belle. La technique pianistique est toujours stupéfiante, les contrastes soutenus, les nuances et la clarté au premier plan et l’engagement physique, indispensable dans cette œuvre d’une puissance peu commune, bien là mais jamais lourd. Le second mouvement est d’une grande poésie et d’une souplesse toute naturelle et il est touchant de voir Daniel Barenboïm écouter, voire encourager avec empathie et par le seul regard la belle harmonie de l’Orchestre de Paris avec laquelle il dialogue à merveille. L’entente avec le chef est bonne, Eschenbach est à l’évidence à l’écoute, même si les retrouvailles piano-orchestre ne sont pas toujours en phase. En bis, Barenboïm nous donne à entendre et à voir un pèlerinage en Italie sur les traces de Liszt d’une incroyable beauté sonore. Toute la palette de son immense talent est ici mise en valeur. Standing ovation à l’initiative de Georges-François Hirsch. Si seulement cet enthousiasme pouvait se traduire par de nouvelles collaborations… Un seul regret l’absence de Pascal Moraguès. Un signe amical à Jean-Louis Ollu l’ami fidèle de Bayreuth et puis déjà s’en va. Chapeau l’artiste. Merci. Vous nous manquez. Revenez dès que possible.

Gilles Lesur

Salle Pleyel, 31 janvier 2008, Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach, Daniel Barenboïm, Dvorak, 8e symphonie, Brahms, 1er concerto pour piano