Superbe, inoubliable et grande soirée ce mercredi 14 janvier pour l’inauguration de la Philharmonie de Paris et le premier concert de l’Orchestre de Paris dans sa nouvelle demeure. Pourtant que n’a-t-on entendu depuis des mois à propos de cette Philharmonie : sa situation à l’autre bout de Paris où personne n’ira, son coût très largement dépassé (mais moins que pour la future Philharmonie de l’Elbe…), le désengagement financier de la mairie de Paris qui ne veut pas assumer les dépassements de budgets, l’ouverture jugée trop précoce vu l’état actuel du chantier par son architecte Jean Nouvel, son équilibre de gestion de fonctionnement reporté aux calendes grecques,….
Je m’y suis rendu en mélomane et abonné aux concerts de l’Orchestre de Paris, voulant ignorer tous ces débats, et je n’ai pas été déçu ! Premier confort : la ligne 5 du métro, directe de ma proche Place d’Italie et de la Bastille et aussi des gares de l’Est et du Nord et donc une salle accessibles aisément. La sortie de la station du métro Porte de Pantin est à quelques pas de l’entrée de la Philharmonie. Ensuite, ce fut un choc devant le bâtiment, impressionnant certes même si évidemment il ne fait pas l’unanimité. Contrairement aux dires récents de Jean Nouvel, je ne crois pas que ce soit sa plus belle œuvre… mais les goûts et les couleurs… L’accès à la salle est très aisé à l’aide des escaliers mécaniques qui vous montent et vous permettre de redescendre aux différents niveaux.
Et une fois installé à ma place au premier balcon comme dans toutes les salles de concerts, que je fréquente, là où entend le mieux, quel émerveillement ! Beauté de la salle dont les volumes et les formes « chantent littéralement » et ce qu’on nous en disait se vérifie au premier coup d’œil : 2400 places qui semblent rassemblées, resserrées de telle façon que nul ne soit éloigné de l’orchestre placé au centre. Tout le contraire de Pleyel où quand on était en haut à des places moins chères, on était devant un couloir avec un tout petit orchestre au bout du couloir et des solistes rapetissés qu’il fallait voir aux jumelles et qu’on entendait mal, y compris lorsqu’ils étaient placés en avant de la scène.
Puis, autre bonheur : l’acoustique et la magnifique unité sonore de tous les pupitres et solistes rassemblés au « centre acoustique » de cette splendide salle. Je m’explique : au moins d’où j’étais placé, il n’y a pas de distance sonore comme dans la plupart de salles où les différents pupitres s’entendent de manière plus ou moins proche selon leur éloignement du public. C’est l’avantage des salles circulaires où l’orchestre est au centre, et là, c’est particulièrement réussi. Le chœur est aussi présent et central que le violon solo de Renaud Capuçon !
Cette Philharmonie de Paris est digne de la Philharmonie de Berlin pour l’acoustique mais en plus élégante pour l’esthétique architecturale. Pardon pour cette franchouillardise ! Une amie du chœur m’écrit que les choristes « ne s’entendent pas facilement mais que cela va sûrement s’arranger » ! Qu’elle se rassure : dans la salle on les entend tous et toutes très bien 5 sur 5 ! Quant au programme, j’ai, une fois de plus, entendu que Paavo Järvi est un très, très grand chef qui a hissé encore notre orchestre de Paris à un niveau toujours plus élevé.
La seule critique que je fais concerne l’adagio du concerto de Ravel de notre belle Hélène Grimaud. J’ai aimé comme toujours sa virtuosité, sa musicalité, son piano brillant, mais je n’ai pas aimé du tout son adagio, ses décalages constants et systématiques entre main droite et gauche, ses rubatos, ses ‘intentions » dans ce mouvement génial où il n’y a rien, absolument rien, à ajouter aux notes de Ravel qu’il importe de « seulement » jouer dans leur simple pureté.
Ceci dit : un grand merci à Jean Nouvel et à tout son équipe pour nous avoir offert ce magnifique auditorium qui donne, enfin, à Paris une salle de concert digne de toutes les grandes villes du monde. Et… prenez le métro… la ligne 5 vous verrez, ce n’est pas si loin !
Jean-Yves Moureau